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... Vu par Stéphane NUCCI, membre des C.C.C. ... | ![]() |
C'est un film un peu trop bavard (si le dialoguiste a été payé à la ligne
de texte, il doit être milliardaire) mais bien construit et intéressant. On ne
s'ennuie pas du tout pendant les 2h06 du film.
L'interprétation est remarquable avec un super Jeff Bridges qui en impose, un
Gary Oldman méconnaissable physiquement - comme à chacun de ses rôles
d'ailleurs, il fait une carrière à la De Niro -, un Sam Elliott qui a la
gueule de l'emploi et une Joan Allen que je ne connaissais pas mais qui décroche,
là, le rôle de sa vie : toute en sensibilité, telle une oie blanche lâchée
dans un monde de la politique et des médias trop dur pour elle.
J'ai bien aimé la façon dont est présentée la manipulation, totalement
conforme à la réalité, selon moi. On donne une information sur quelqu'un à
la presse, avec divers éléments construits de toute pièce mais qui s'assemblent parfaitement, de façon à ce que le journal ait un
"scoop" et celui-ci publie l'information sans la vérifier. Ensuite,
le pouvoir des médias fait le reste en reprenant l'information de l'un d'entre
eux en pensant qu'elle est vraie. Personne ne pense à enquêter pour chercher la
faille et l'origine d'une éventuelle manipulation.
Ce film montre par ailleurs le peu d'importance apportée par les américains au
programme des candidats politiques mais la très grande importance de leur bonne
moralité selon les principes américains (religion obligatoire, pas de relation
sexuelle hors mariage ou en groupe, pas d'avortement).
J'ai aussi bien aimé la première fin du film (c'est-à-dire la contre
manipulation orchestrée par le président des USA) mais pas le bout de film
rajouté où le président des USA fait un discours moralisateur et toute l'assemblée ("amis" politiques comme "ennemis" politiques)
est debout à l'applaudir sur une petite musique douce : le happy-end
hollywoodien typique vraiment énervant.
Il y a aussi deux petits détails qui m'ont gêné dans le film : les attaques xénophobes
anti-française et anti-grecques dans deux des dialogues du film, à mon goût,
totalement inutiles et la longue plaidoirie d'un agent féminin du F.B.I. sur
l'importance pour les femmes américaines de la nomination d'une femme a la vice-présidence,
tournée sous la forme d'une confidence à son supérieur hiérarchique le plus élevé
alors que je ne vois pas un agent du F.B.I. sortir de son devoir de réserve et
de son rôle d'enquêtrice impartiale pour mettre en avant ses propres opinions
politiques, de plus face à l'un des plus hauts responsables du pays qu'elle ne connaît
pas personnellement.
C'est quand même un film à voir, pour être moins naïf à l'avenir, et bien
penser que toute information publiée par les journaux n'est pas forcément
vraie.