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TOUT LE PLAISIR EST POUR
MOI
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... Vu par Stéphane
NUCCI, membre des C.C.C.
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Le sujet est relativement original si on excepte un film allemand récent dans
lequel 3 adolescentes recherchaient leur plaisir et la série télé "Sex
in the City". Donc le sujet est intéressant mais le traitement qui en a
été fait dans le film ne m'a pas enthousiasmé. On sourit souvent, on rit
rarement. C'est beaucoup beaucoup beaucoup moins drôle en tout cas qu'"Ils
se Marièrent et Eurent Beaucoup d'Enfants" sorti à la même période.
Ici, l'humour est lourd, les situations posées à la truelle, sans lien
apparent : c'est davantage une juxtaposition de scènes (Louise au Cocktail,
Louise sur son scooter, Louise chez le sexologue - d'ailleurs, bonjour les
clichés, sur les dérapages du doc'-, Louise au Sex-Shop, Louise chez le
Marabout, etc.) qu'un scénario construit. Certains gags sont même tout
simplement irréalistes (la frangine coincée qui confie à un répondeur son
orgasme avec vibromasseur).
Le scénariste n'a pas non plus passé beaucoup de temps dans l'étude de ses
personnages (le voisin dont on ne sais rien sauf qu'il est homosexuel, la
patronne dont on ne sait rien sauf qu'elle est homosexuelle et enceinte, le mari
de la sœur dont on ne sait rien, etc.).
Tout ça est embêtant pour un film qui ne se veut rien d'autre qu'une comédie
... Car la comédie n'est pas un art mineur où l'on peut se passer de scénario
et d'étude des personnages. "Le Journal de Bridget Jones" (Bridget
Jones's Diary),"Le Dîner de Cons" ou "Tanguy" sont de
bonnes illustrations de ce qu'il faut à un film pour remplir son contrat de
faire rire une salle.
Même si le plaisir féminin est beaucoup plus complexe que le plaisir masculin,
cette fille de 29 ans qui s'affole dès sa première panne sexuelle ne m'a pas
semblé crédible. Une fille d'un tel égoïsme, d'une insouciance incroyable,
d'une immaturité sociale et professionnelle pareille, d'un égocentrisme digne
de Napoléon, ça existe vraiment ? En tout cas, pour moi, c'est le type même
de fille que l'on déteste et qui nous horripile et nous insupporte.
Son personnage n'est pas assez jeune pour qu'on puisse la croire aussi peu
consciente de certaines réalités (le fait qu'elle découvre que certaines
femmes puissent simuler par exemple). De même, la scène finale du plaisir
retrouvé est, elle aussi, hautement improbable quand aux circonstances de la
scène eu égard à l'âge de l'héroïne. J'avais vu, dans le film allemand
dont je parlais plus haut, une adolescente qui découvrait le plaisir sur la
selle de sa bicyclette et qui ne voulait plus en descendre. On croyait davantage
à sa "découverte" qu'ici. Hormis ces situations peu crédibles, la
majorité des scènes manque de finesse. Le passage où elle fait un pseudo
coming-out en direct à la radio laissant croire à ses proches qu'elle se
cherche encore sexuellement est ainsi d'une lourdeur sans nom. La recherche du
plaisir de Louise est en fait trop caricaturale. On aurait aimé plus de
profondeur dans le sujet. L'allusion à l'excision aurait pu être développée;
de même que les problèmes de communication dans un couple. En effet, Louise si
expansive avec de parfaits inconnus à qui elle crie son désespoir d'avoir
perdu son clitoris, ne pipe mot à son homme.
Pour finir sur une note positive, je dirai qu'on ne s'ennuie pas car le film ne
dure qu'une heure vingt et que les interprètes sont tous parfaits et c'est à
noter tant ils ont eu du mérite d'arriver si bien à se dépatouiller de
personnages si primaires - il n'a pas dû leur falloir beaucoup de temps pour
cerner leur personnage -. La réalisatrice a eu le mérite de traiter un sujet
délicat. Reste plus qu'à attendre qu'un autre réalisateur reprenne le
flambeau pour faire bon usage de ce sujet passionnant et complexe ...