![]() |
|
![]() |
|
Dans le genre "film de genre" justement, moins abouti techniquement que "Nid de Guêpes" de Florent-Emilio Siri (2002) - lire à ce propos ma critique de ce film sur ce site - mais beaucoup plus profond au niveau du scénario, "Le Convoyeur" est un film à voir.
Tout d'abord parce qu'il laisse le spectateur reconstruire de lui-même les morceaux d'un scénario-puzzle au contraire de la plupart des films actuels (surtout ceux d'Hollywood) où les réalisateurs ont tendance à zoomer sur un objet important pour que le spectateur le voit ou à abuser des flash-backs pour reconstituer les zones d'ombre du passé; conséquences de ces techniques trop usitées : un scénario pré-mâché où le spectateur n'a pas de plaisir à imaginer les transitions et les tenants des actions.
Ici, rien de cela car on découvre de nous-même les motivations du héros à travers une visite à une (sa) femme dans un hôpital, une rencontre fortuite dans une station-service, une cicatrice pas trop appuyée sur le crâne, les manifestations d'une maladie, des lectures de magazines financiers et un unique et bref flash-back sur l' "accident", etc.
Pas de doute, la construction du film est son point fort. Un petit bémol cependant : le fait de connaître, dès le début du film, que le prix de la chambre d'hôtel est supérieur au salaire que va percevoir le convoyeur nous permet trop rapidement d'éliminer la "thèse" évidente du chômeur ayant décroché un travail. Était-ce vraiment voulu d'écarter si vite cette hypothèse sur la motivation du héros ?
Hormis cette construction si aboutie, il faut souligner la vision détaillée du côté social de l'entreprise Vigilante : l'entretien d'embauche, les pétitions des syndicalistes, le manque de formation, la fête dans l'entreprise, le rachat de l'entreprise par les américains, le plan de licenciements, les primes, le manque de moyens - munitions limitées - pour les séances d'entraînement au tir...
Enfin, le casting est à la hauteur du film malgré son faible budget. Tous les employés de Vigilante sont parfaits. Le réalisateur s'est même permis de donner à une actrice connue - Aure Atika - un rôle très réduit mais pas inutile puisqu'il nous permet de faire avancer l'intrigue sur les motivations du héros.
Pour finir, coup de chapeau à l'affiche de promotion au slogan très accrocheur : "1 000 € par mois, 1 000 000 € dans chaque sac...".