... Vu par Stéphane NUCCI, membre des C.C.C. ...

 

L'ambiance est bien posée, les effets spéciaux sont très bien réalisés, le sujet de départ est très intéressant - la lutte contre la criminalité par l'anticipation de l'acte - et la réalisation est très appliquée. Ce film aurait donc pu être un chef d'œuvre mais malheureusement, il est trop académique. Je m'explique : j'aime rêver en voyant un film de science-fiction, j'aime être surpris, j'aime que l'intrigue sorte des sentiers battus.

C'est pour cela que, par le passé, j'ai beaucoup aimé des films comme "Total Recall", "Passé Virtuel" (The Thirteenth Floor) ou "Dark City" où le spectateur, non seulement rentre dans l'histoire, mais en plus fait un effort pour en deviner le dénouement.

Dans "Minority Report", tout commence bien avec une certaine part d'inconnu, de mystère puis on retombe dans le film classique avec un dénouement en film de complot à l'américaine avec le politicien qui défend son budget, l'explication/démonstration aux spectateurs et la victoire de la morale bien pensante, du politiquement correct. Le spectateur ne fait aucun effort, tout est pré-maché pour lui donner toutes les clés. Il sort du film sans aucune zone d'ombre.

Ce film est trop conçu comme un film de studio américain et en respecte les règles à la lettre. Il n'a aucune part de fantaisie comme peuvent en avoir les films de Paul Verhoeven. Même la tentative de se moquer du futur consumériste des occidentaux atteint l'inverse de l'effet recherché avec le placement à outrance du produit "Gap".

Enfin, le film est trop long et manque par moments de rythme et, même si on ne s'ennuie jamais, je ne suis pas convaincu que l'histoire devait durer 2h25. Surtout que l'aspect étudié ici (arrêter les criminels avant qu'ils ne commettent leur crime) est pour moi moins intéressant que comprendre la cause des envies de meurtre et diminuer les passages à l'acte : aux USA, actuellement, il y a plus de 11 000 morts par an par arme à feu (cf. ma critique de "Bowling For Columbine") et, dans le futur tel qu'il est présenté ici, on préfèrerait arrêter 11 000 criminels "virtuels" plutôt que de diminuer le nombre d'envies de meurtre. L'action privilégiée à la réflexion, en somme, comme certains évènements internationaux actuels de la politique extérieure américaine en témoignent.  

 

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