... Vu par Stéphane NUCCI, membre des C.C.C. ...

 

Il est d'intérêt général de voir ce film, de comprendre que certains actes sont lourds de conséquences, surtout dans le contexte actuel : la morale audacieuse du film, pas du tout innocente, est "le salaud, c'est l'électeur". Il y a tout dans ce film : les rendez-vous secrets pour les alliances de l'extrème-droite et de la droite traditionnelle en vue des élections, la manipulation des médias et du public grâce à une répartition des rôles et des discours dans le parti d'extrême-droite organisé par une consultante en communication arriviste (superbe Elsa Zylberstein), les ventes d'armes et les arrangements avec des groupuscules de rebelles de pays étrangers, les fausses preuves fabriquées pour diaboliser l'extrême-droite dans les faits divers (la morale et les valeurs défendues sont-elles plus importantes que la vérité ?), les choix qu'ont à faire les médias dans le traitement de l'extrême-droite, etc.

Ce qui est assez incroyable, c'est l'aspect prémonitoire du film : il a été tourné en 2000 et annonce pourtant déjà le programme électoral du Front National des présidentielles françaises de 2002.

Merci à tous ces grands comédiens d'avoir participé à cette oeuvre car je suis sûr qu'ils ne l'ont pas fait avant tout pour le cachet : malheureusement, y a-t-il de la place, dans le circuit de distribution cinématographique français (3 salles à Paris la semaine de sa sortie), pour des oeuvres politiquement engagées ? J'en doute vu le refus des grands circuits de distribution français de favoriser la sortie de ce film (naïvement, je croyais que les multiplexes avaient été conçus pour assurer une meilleure visibilité de la plurarité de la production cinématographique ... Et oui, c'est plus rentable de passer dans plusieurs salles d'un même multiplexe le même "blockbuster" que de faire découvrir des oeuvres "exotiques" (les films asiatiques, africains ou européens) ou des films d'auteur francais, mais que ces "capitalistes" du cinéma aient au moins le courage de l'avouer plutôt que de nous faire croire que la carte illimitée est une avancée pour le spectateur (cela aussi c'est de la manipulation !)).

Le seul petit bémol que je mettrais à ce film c'est sa réalisation : des scènes sombres, des lieux assez limités et des décors à moindre coût. Cela fait davantage penser à un documentaire ou à un téléfilm qu'à un film de Cinéma. Mais peut-être que tout cela est avant tout un problème de budget et de financement car on sent que ce film n'a pas dû être facile à financer ?

 

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